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MESSAGE PATRIARCAL POUR LES SAINTES PÂQUES † BARTHOLOMAIOS PAR LA GRÂCE DE DIEU PATRIARCHE OEUCUMENIQUE

MESSAGE PATRIARCAL
POUR LES SAINTES PÂQUES
† BARTHOLOMAIOS
PAR LA GRÂCE DE DIEU
ARCHEVÊQUE DE CONSTANTINOPLE, NOUVELLE ROME,
ET PATRIARCHE ŒCUMÉNIQUE
QUE LA GRÂCE, LA PAIX ET LA MISÉRICORDE DU CHRIST
GLORIEUSEMENT RESSUSCITÉ
SOIENT AVEC TOUT LE PLÉRÔME DE L’ÉGLISE
* * *
Ayant accompli le Carême utile à l’âme, ayant vénéré la Passion et la Croix du
Seigneur, nous participons aujourd’hui à Sa glorieuse Résurrection, illuminés par la fête et
clamant dans une joie ineffable l’annonce salvatrice: «Christ est ressuscité!»
Pour nous les orthodoxes, tout en quoi nous croyons, tout ce que nous aimons, tout que
nous espérons est associé à Pâques; tout en tire son importance, s’y explique et y prend sens.
La Résurrection du Christ, c’est la réponse de l’amour divin à l’angoisse et à l’aspiration de
l’être humain ; c’est aussi la «vive attente» de la création qui gémit encore. En elle, est révélé
le sens des passages vétérotestamentaires : «faisons l’homme à notre image, selon notre
ressemblance» et «Dieu vit tout ce qu’il avait fait. Voilà, c’était très bon»
Le Christ est «notre Pâque», «la résurrection de tous». Si la chute a suspendu le cours
de l’humain vers «la divine ressemblance», en Christ ressuscité la voie de la divinisation par
grâce s’ouvre de nouveau au «bien-aimé de Dieu». S’opère alors le «grand miracle» qui guérit
la «grande blessure», l’être humain. Sur la fresque emblématique représentant la Résurrection
au monastère de Chora, nous voyons le Seigneur de la gloire qui «est descendu aux enfers» et
qui « a brisé l’empire de la mort » émergeant du tombeau et vivifiant, ressuscitant avec lui les
premiers-nés de l’humanité et, en eux, la race humaine tout entière du début aux fins dernières,
notre libérateur qui nous a affranchis du joug de l’ennemi.
En la Résurrection, la vie en Christ est révélée en tant que libération et liberté. «C’est
pour la liberté que Christ nous a affranchi». Le fond, l’«ethos» de cette liberté, qui doit être
vécue ici-bas de façon christique avant de s’accomplir dans le Royaume céleste, c’est l’amour,
la quintessence vécue de la «nouvelle créature». «Vous, frères, c’est à la liberté que vous avez
été appelés. Seulement que cette liberté ne donne aucune prise à la chair! Mais, par l’amour,
mettez-vous au service les uns des autres!». Fondée sur la Croix et la Résurrection du Sauveur,
la liberté du croyant est une marche vers le haut et vers le frère, c’est «la foi agissant par
l’amour». C’est la sortie d’«Égypte de la servitude» et des multiples aliénations; c’est le don du Christ qui consiste à surmonter l’existence introvertie et étriquée, espérance d’éternité
humanisant l’être humain.
Célébrant Pâques, nous confessons en l’Église que le Règne de Dieu «est déjà établi,
mais pas encore achevé». Dans la lumière de la Résurrection, les choses terrestres acquièrent
un nouveau sens, puisqu’elles sont déjà transformées et transformables. Rien n’est simplement
«donné». Tout est en voie de perfectionnement eschatologique. Vécu principalement dans
l’assemblée eucharistique, cet «élan incompressible» vers le Royaume, préserve le peuple de
Dieu, d’une part, de l’indifférence à l’égard de l’histoire et de la présence du mal dans celle-ci,
d’autre part, de l’oubli de la parole Dominicale «ma royauté n’est pas de ce monde», c’est-à-dire de la différence entre «déjà» et «pas encore» de la venue du Règne, conformément aussi à la sentence éminemment théologique : «Le Roi est venu, le Seigneur Jésus, et Son Règne viendra».
Ce qui caractérise principalement la liberté du croyant donnée par Dieu c’est sa
vibration pascale ardente, sa vigilance et son dynamisme. Loin de restreindre, son caractère en
tant que don de la grâce relève notre propre consentement au don; il renforce notre marche et
notre conduite dans la nouvelle liberté qui inclut aussi le rétablissement de la relation altérée
de l’humain avec la création. Celui qui est libre en Christ n’est pas piégé dans des «absolus
terrestres», «comme les autres qui n’ont pas d’espérance». Notre espérance c’est le Christ,
l’existence achevée en Lui, la splendeur et la lumière de l’éternité. Les frontières biologiques
de notre vie ne circonscrivent pas sa vérité. La mort n’est pas la fin de notre existence: «Que
nul ne craigne la mort, car la mort du Sauveur nous en a libérés. Il a détruit la mort, celui que
la mort avait étreint; il a dépouillé l’enfer, celui qui est descendu aux enfers». La liberté en
Christ est la «seconde création»12 de l’homme, avant-goût et préfiguration de
l’accomplissement et de la plénitude de l’économie divine dans le «maintenant et toujours» du
dernier jour, lorsque les «bénis du Père» vivront face à face avec le Christ «nos yeux
constamment sur Lui et les siens sur nous, portant le fruit de la joie sans fin qu’il donne».
Pour nous les orthodoxes, les saintes Pâques ne sont pas simplement une fête religieuse
ne fût-ce la plus grande. Chaque divine liturgie, chaque prière et supplique des croyants, chaque
fête et mémoire de saints et de martyrs, la vénération des saintes icônes, la «joie
surabondante» des chrétiens, chaque acte d’amour sacrificiel et de fraternité, la persévérance
dans les détresses, l’espérance qui ne trompe pas animant le peuple de Dieu, tout cela est une
fête de la liberté, émet une lumière pascale et exhale le parfum de la Résurrection.
Dans cet esprit, glorifiant le Sauveur du monde qui, par sa mort, a triomphé de la mort,
nous adressons à vous tous, vénérables frères et enfants bien-aimés de l’Église Mère partout
dans la royauté du Seigneur, une accolade festive, bénissant avec vous joyeusement, d’une
seule bouche et d’un seul cœur, Christ dans les siècles.

Phanar, saintes Pâques 2021
† Bartholomaios de Constantinople
votre fervent intercesseur dans le Christ Ressuscité
Que ce message soit lu dans les églises au cours de la divine liturgie de la fête de Pâques, après la
lecture de l’Évangile

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